Madagascar fait face à un défi de taille : concilier les besoins énergétiques de sa population avec la préservation de son patrimoine forestier. Le bois-énergie, majoritairement utilisé pour la cuisine, constitue la principale source d’énergie dans le pays. En 2019, il représentait encore 78 % de l’énergie consommée à l’échelle nationale. Cette dépendance entraîne une exploitation massive des forêts, contribuant à leur dégradation alarmante.
Chaque année, des millions de mètres cubes de bois sont prélevés pour répondre aux besoins domestiques et industriels. En 2015, la consommation s’élevait à 18 millions de mètres cubes, dont 10 millions pour le bois de chauffe et 8 millions pour le charbon de bois. Face à cette pression, il devient urgent d’adopter des solutions durables afin de limiter l’impact environnemental de cette consommation.
Plusieurs solutions existent pour réduire la dépendance au bois-énergie. Parmi elles, les foyers améliorés, le biogaz et les énergies renouvelables pourraient jouer un rôle clé dans la transition énergétique du pays. Cependant, leur adoption reste limitée en raison d’un manque de sensibilisation, de soutien financier et d’infrastructures adaptées.
Pour pallier ces obstacles, le Système de Suivi de la Filière Bois-Énergie et des Alternatives de Cuisson (SSBEAC) a été mis en place par les ministères de l’Énergie et de l’Environnement avec l’appui du WWF. Cette plateforme en ligne vise à collecter et analyser des données actualisées sur la filière bois-énergie dans les 23 régions du pays. Son objectif est d’améliorer la gestion des ressources et de favoriser la mise en place de politiques publiques efficaces.
L’avenir de la gestion durable du bois-énergie repose sur plusieurs axes stratégiques. D’abord, la sensibilisation des populations et des décideurs est indispensable pour promouvoir une consommation plus responsable. Les pratiques alternatives, telles que le reboisement et l’utilisation d’autres sources d’énergie, doivent être encouragées et soutenues par des incitations adaptées.
Ensuite, le renforcement du cadre réglementaire est une priorité pour contrôler l’exploitation des ressources forestières. Une meilleure surveillance des circuits d’approvisionnement et la mise en place de mesures strictes contre l’exploitation abusive des forêts naturelles sont nécessaires pour enrayer la déforestation.
Comme l’a souligné Rina Andrianarivony du WWF, il est crucial d’augmenter l’offre de bois-énergie issu de plantations durables et de renforcer la gouvernance du secteur. Avec des actions concrètes et une implication de tous les acteurs, Madagascar peut amorcer une transition vers une gestion plus équilibrée de ses ressources forestières, tout en garantissant un accès à l’énergie pour ses habitants.
Écrit par : T. Berado