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Just Ride Environnement / Pisciculture à Ankazomahity : Un modèle de développement durable en harmonie avec les écosystèmes de la Baie d'Ambaro

Just Ride Environnement / Pisciculture à Ankazomahity : Un modèle de développement durable en harmonie avec les écosystèmes de la Baie d'Ambaro

Dans un petit village niché au cœur des mangroves de la Baie d'Ambaro, une révolution discrète transforme le quotidien des habitants tout en préservant la richesse écologique de cette région du nord de Madagascar. Ankazomahity, situé entre Ambilobe et Ambanja dans la région Diana, est devenu un exemple remarquable de développement communautaire grâce à la pisciculture.

Une activité florissante portée par la communauté

La pisciculture s'est rapidement imposée comme une activité économique majeure pour les villageois d'Ankazomahity. Avec pas moins de 200 bassins dédiés principalement à l'élevage du Tilapia nilotica, cette initiative locale démontre l'engagement et le savoir-faire des habitants.

"La dimension des bassins est cruciale pour notre activité," explique un pisciculteur expérimenté du village. "Un bassin bien conçu de 17 mètres sur 10 peut accueillir jusqu'à 240 poissons. C'est une question d'équilibre entre l'oxygénation de l'eau et la nutrition adéquate des poissons."

Les femmes jouent un rôle prépondérant dans cette aventure piscicole. La pionnière qui a introduit cette pratique dans la communauté réalise aujourd'hui des ventes impressionnantes de 30 à 50 kilogrammes de poissons par cycle. Son activité s'est même diversifiée vers la production d'alevins qu'elle commercialise à 300 ariary l'unité, permettant ainsi à d'autres villageois de se lancer dans l'aventure.

Des défis saisonniers à surmonter

Malgré son succès, la pisciculture à Ankazomahity doit composer avec les aléas climatiques. La saison sèche provoque parfois l'assèchement des bassins, tandis que la saison des pluies peut entraîner des débordements où les poissons s'échappent dans la nature. Face à ces contraintes, les pisciculteurs ont adapté leur calendrier de production avec une récolte annuelle stratégiquement programmée en juin.

Cette période optimale permet d'obtenir entre 150 et 250 kilogrammes de poissons, commercialisés à 15 000 ariary (environ 3 euros) le kilogramme, représentant un revenu significatif pour ces familles rurales.

La sécurité des bassins constitue un autre défi, certains pisciculteurs rapportant des pertes dues aux vols. Un habitant témoigne avoir perdu environ 5 kilogrammes de poissons au cours des deux dernières années.

Un soutien institutionnel stratégique

Le développement de cette filière bénéficie du soutien du WWF qui intervient à plusieurs niveaux : formations techniques dispensées par le Centre de Développement de l'Aquaculture de Mahajanga, fourniture d'alevins et de provende pour démarrer l'activité, et accompagnement professionnel des coopératives en partenariat avec ISA Agribusiness.

Cette approche intégrée vise à structurer la filière, renforcer les compétences locales et faciliter l'accès aux marchés via des partenariats avec le secteur privé.

Un impact écologique positif

Au-delà de son intérêt économique, la pisciculture à Ankazomahity illustre parfaitement la symbiose possible entre développement communautaire et préservation environnementale. En diversifiant leurs sources de revenus avec la pisciculture, l'apiculture et l'artisanat, les villageois ont considérablement réduit la pression exercée sur les écosystèmes fragiles de la région.

Les forêts humides et les mangroves, qui fournissent l'eau nécessaire à la pisciculture, sont désormais mieux préservées. Cette interdépendance vertueuse entre l'homme et la nature démontre qu'un développement économique respectueux de l'environnement est non seulement possible mais profitable à long terme.

Le modèle d'Ankazomahity offre une leçon précieuse pour d'autres communautés malgaches : la valorisation des ressources locales, combinée à des pratiques durables et un accompagnement technique adapté, peut transformer positivement les conditions de vie tout en protégeant le patrimoine naturel exceptionnel de Madagascar.

Crédit images : WWF Madagascar

Écrit par : T. Berado

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