C’est un souffle de soulagement pour les amateurs de deux-roues : KTM, l’un des piliers de la moto européenne, vient d’échapper à la faillite grâce à un soutien stratégique venu d’Inde. Après des mois de turbulences financières, le constructeur autrichien annonce officiellement avoir sécurisé les fonds nécessaires pour mettre en œuvre son plan de restructuration, évitant ainsi un effondrement annoncé depuis fin 2023. Dans l’ombre de ce sauvetage, un acteur bien connu du marché mondial se profile : Bajaj Auto.
KTM n’avait plus le choix. Pour espérer sortir la tête de l’eau, il fallait répondre à une échéance cruciale : le versement de 600 millions d’euros pour satisfaire partiellement plus de 1 200 créanciers, dans le cadre d’un plan validé par la justice autrichienne. Ce montant colossal, que beaucoup estimaient hors de portée, a finalement été levé in extremis.
La direction du groupe n’a pas explicitement cité Bajaj comme bailleur de fonds principal, mais les indices sont trop flagrants pour entretenir le doute. Le constructeur indien, qui détient près de la moitié de Pierer Bajaj AG – maison-mère de KTM –, aurait contracté un prêt quasi équivalent auprès de trois grandes banques internationales. Un timing et un montant qui ne laissent guère de place au hasard.
Déjà en mars 2025, Bajaj avait injecté 200 millions d’euros pour relancer partiellement la production et désengorger les entrepôts saturés de motos invendues. Cette nouvelle opération porte clairement sa marque et propulse le groupe indien au rang de sauveur décisif. En agissant ainsi, Bajaj ne se contente pas de sécuriser un partenaire stratégique : il prend une position de force dans la redéfinition du paysage moto européen.
La situation de KTM avant ce retournement était critique : plus de 1 800 licenciements en un an, des ventes en chute libre – avec 60 000 unités de moins en 2024 – et une perte nette dépassant le milliard d’euros. Le chiffre d’affaires a plongé de près de 30 % en un an, tandis que la dette nette frôlait les 1,65 milliard d’euros. L’entreprise affichait même une situation comptable négative, un signal rouge pour les investisseurs et les partenaires.
La production a connu plusieurs arrêts, avec à peine 4 200 motos sorties des chaînes autrichiennes au 30 avril 2025, un effondrement comparé aux 380 000 unités produites par l’ensemble du groupe en 2023. La division vélo électrique, autrefois perçue comme un relais de croissance, s’est avérée un gouffre financier avec 400 millions d’euros de pertes annuelles.
La relance de la production est annoncée pour la fin juillet, à condition que les fournisseurs acceptent désormais des paiements anticipés, preuve que la confiance reste fragile. Côté produit, les nouveaux modèles – comme la 1390 Super Duke GT ou la dernière 990 – se font toujours attendre en concession.
Quant à l’engagement de KTM en MotoGP, il est maintenu pour 2025. Mais au-delà, rien n’est encore garanti. Si la direction affirme travailler sur les évolutions règlementaires de 2027, les incertitudes financières pourraient peser lourd sur les saisons futures.
KTM sort la tête de l’eau grâce à Bajaj, mais la tempête n’est pas totalement passée. Le constructeur devra maintenant reconquérir sa place sur les marchés, restaurer la confiance des fournisseurs, et rassurer ses fans quant à sa capacité d’innovation. Le soutien de Bajaj offre un levier solide, mais aussi une nouvelle dynamique stratégique qui pourrait transformer durablement l’identité du constructeur autrichien.
Crédit images : KTM
Écrit par : T. Berado