Dans la commune rurale de Trangahy, région Melaky, le lac Antsohaly joue un rôle vital dans l’équilibre écologique de la zone. Ce lac, situé dans le bassin versant de Manambolomaty, reçoit les eaux des rivières Miolaky et Andolonaomby et suit le tracé de l’ancien lit du fleuve Manambolo. En traversant des terres communautaires et des zones humides comme les complexes lacustres d’Andranobe, il finit sa course dans les mangroves de Masoarivo.
Ces forêts sèches qui bordent les cours d’eau sont aujourd’hui fortement dégradées. Pourtant, elles remplissent des fonctions cruciales : elles permettent le stockage de l’eau dans les sols, régulent les débits fluviaux, alimentent les puits villageois et réduisent l’envasement des rivières. Leur disparition ou leur assèchement menace directement les mangroves en aval, des écosystèmes très fragiles qui dépendent d’un apport constant en eau douce.
C’est dans ce contexte que la restauration des forêts sèches devient une priorité. L’agroforesterie — qui associe plantation d’arbres fruitiers et culture maraîchère — s’impose comme une solution durable. Elle permet non seulement de réhabiliter les écosystèmes, mais aussi d’améliorer les conditions de vie des populations locales. Cette initiative vise à soutenir environ 200 bénéficiaires tout au long du lit du Manambolomaty.
En avril dernier, une pépinière agroforestière composée de douze plates-bandes a été installée dans la commune de Masoarivo. Le chantier, qui a duré près de trois semaines, a mobilisé une soixantaine de membres de la communauté. Ce projet est le fruit de la collaboration entre les pépiniéristes locaux, l’organisation communautaire « Samaky » (nom inspiré d’un oiseau local), l’association de jeunes AJINM (Association des Jeunes Intellectuels Natifs de Masoarivo), et les autorités régionales, notamment la Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable et la Direction Régionale de l’Agriculture et de l’Élevage.
Martin Ambigninahiny, leader d’AJINM et pépiniériste engagé, témoigne :
« Lorsque WWF a lancé un appel aux volontaires, j’ai répondu spontanément, poussé par ma conviction personnelle. Mon engagement pour la nature ne date pas d’hier : j’ai fait partie du club Vintsy et je continue à agir aujourd’hui. L’agroforesterie me passionne, car elle nous permet à la fois de subvenir à nos besoins et de protéger nos mangroves, un patrimoine essentiel pour les générations futures. »
Ce projet est soutenu par WWF et financé par l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre du programme « Conservation inclusive de la biodiversité et des écosystèmes par et pour les communautés locales ». Un appui technique a été apporté pour former les acteurs locaux à l’agroforesterie, ainsi qu’un soutien logistique pour la construction des pépinières.
La prochaine phase consistera à remplir les pots de terre pour y semer des graines d’espèces fruitières comme l’oranger (Citrus sinensis), le citronnier (Citrus aurantifolia), le papayer (Carica papaya), le jaquier (Artocarpus heterophyllus) ou encore le zévi (Spondias dulcis). L’objectif est de reboiser environ 40 hectares de terres dans les zones de Masoarivo et Soatanà.
Crédit image : WWF Madagascar
Écrit par : T. Berado