Chers motards et aventuriers des pistes malgaches,
Si vos roues vous mènent un jour sur les chemins poussiéreux de l’Atsimo Andrefana, au cœur de l’Aire Protégée d’Amoron’i Onilahy, arrêtez-vous un instant à Ranomay. Là-bas, entre nature brute et traditions ancestrales, une communauté fière et résiliente perpétue un savoir-faire unique : la fabrication artisanale de sel gemme.
Bien loin des chaînes de production industrialisées, ici, tout se fait à la main, avec patience et précision. C’est un processus hérité des ancêtres, ancré dans la terre même autour du lac Ranomay, dont les anciens fonds salés fournissent encore aujourd’hui la matière première.
Tout commence par le grattage du sol salé. La terre récoltée est ensuite tamisée, mélangée à du sable noir du fleuve Onilahy, puis arrosée pour en extraire un liquide saumâtre, jaune doré. Ce liquide est chauffé dans de grandes marmites pendant près de trois heures, sur des foyers traditionnels ou des KAMADO (foyers améliorés à bois) récemment introduits pour réduire l'impact environnemental.
Résultat : un sel gemme à faible taux de salinité, particulièrement prisé par ceux qui surveillent leur tension artérielle. Et entre nous, un goût subtil, authentique, qui vous connecte immédiatement à la terre d’où il est issu.
À Ranomay, le sel n’est pas qu’un produit. C’est un mode de vie, une fierté, une survie. Tambelo Fanoja, producteur depuis l’âge de 10 ans, raconte : « Ce travail demande beaucoup d’entraide. Seul, on ne peut rien. C’est en équipe qu’on produit. »
Ce sont 80 villageois, dont 50 femmes, qui vivent aujourd’hui de cette activité, parfois en complément de la culture du manioc ou du sorgho. Une partie du sel est vendue dans les villages alentour comme Tameantsoa ou Tongobory, transportée à dos d’homme, dans des sacs.
Grâce au soutien du WWF, les artisans de Ranomay ont pu renforcer leur équipement et réduire leur consommation de bois. Ce partenariat vise à pérenniser l’activité tout en protégeant l’environnement fragile de l’aire protégée.
Parce que c’est plus qu’un produit local. C’est une histoire vivante, celle d’un peuple, d’un territoire et d’un savoir-faire en voie de disparition si on ne le soutient pas. En tant que motards engagés, curieux, et proches des communautés rurales, vous avez le pouvoir de faire connaître et de valoriser ces trésors souvent invisibles aux yeux du monde.
Imaginez : après une longue journée sur les pistes rouges du Sud, vous plantez votre tente non loin du lac, partagez un feu avec les producteurs, échangez sur leurs techniques, goûtez leur sel… et repartez avec quelques sachets dans vos sacoches. Vous n’aurez pas seulement traversé une région, vous en aurez rencontré l’âme.
🧭 Lieu : Ranomay, région Atsimo Andrefana, Aire Protégée d’Amoron’i Onilahy
📅 Période de production : mars à mai (évitez janvier-février, saison pluvieuse)
🛍️ Produit disponible : sel gemme en gobelets traditionnels (« kapoaka »)
📦 Transport local : par sac, souvent à dos d’homme – soyez solidaires, offrez un coup de main ou un espace sur votre moto !
🤝 Rencontres possibles : producteur local Nofisoafomenjanahary Tambelo Fanoja et les membres de la VOI
Motards de Madagascar, partez à la rencontre de ceux qui font vivre les savoirs de nos terres.
Emportez un peu de Ranomay avec vous. Et surtout, faites passer le mot : le vrai sel de la route, c’est celui qu’on partage.
Crédit images : WWF Madagascar
Écrit par : T. Berado