Depuis 2016, la forêt de Maromizaha, située dans la région Est de Madagascar, fait figure de modèle en matière de conservation. Gérée par le GERP (Groupe d’Étude et de Recherche sur les Primates de Madagascar), cette aire protégée démontre qu’avec une stratégie bien pensée, l’engagement communautaire et une vision à long terme, il est possible de restaurer un écosystème forestier tout en améliorant les conditions de vie des riverains.
Dans une île souvent touchée par les feux de brousse, le cas de Maromizaha est remarquable : aucun incendie de forêt n’a été enregistré depuis 2017. Ce succès est dû à l’installation de pare-feux efficaces et, surtout, à la vigilance des communautés locales, qui surveillent et protègent activement leur forêt. Résultat : huit années consécutives sans feu – un exploit rare à Madagascar.
Entre 2021 et 2023, Maromizaha a regagné 18 hectares de forêt naturelle. Sa superficie boisée est passée de 1 441 hectares à 1 459 hectares. Cette progression est le fruit d’un effort de reforestation ciblée, privilégiant les espèces autochtones adaptées au milieu local, renforçant ainsi la résilience de l’écosystème.
Le projet repose sur l’implication de 800 ménages riverains qui participent activement à la reforestation, à l’entretien des jeunes plants et à la protection de la forêt. Ces actions génèrent des revenus, renforcent les liens entre les communautés et leur environnement, et valorisent les savoirs locaux. C’est un cercle vertueux qui combine écologie et développement rural.
Maromizaha est également un haut lieu de biodiversité. On y trouve notamment l’indri (le plus grand lémurien vivant), mais aussi d’autres espèces emblématiques comme le lémurien à ventre roux, dont la population a augmenté de 13,5 %, et le sifaka à diadème, en hausse de 2,7 %. La recolonisation progressive de la forêt par ces espèces témoigne de la qualité de la restauration.
Le projet de Maromizaha démontre que la conservation peut réussir, même dans des contextes difficiles, lorsque les approches sont inclusives, basées sur la science, et portées par les communautés locales. Il prouve aussi qu’il est possible de stopper les feux, restaurer la biodiversité et créer des opportunités économiques durables.
Crédit images : INDRI Madagascar
Écrit par : T. Berado