Selon Moto‑Motorionline du 24 juillet 2025, Dainese — la légendaire marque italienne spécialisée dans les équipements de protection et vêtements de moto — est sur le point d’être cédée pour la somme symbolique d’1 € à deux fonds londoniens, Arcmont Asset Management et HPS Investment Partners, qui sont également ses principaux créanciers
Rachetée en mars 2022 par le groupe Carlyle pour environ 630 millions d’euros, Dainese rencontre depuis une crise profonde. Sa dette a explosé, atteignant près de 300 millions d’euros, soit un ratio dette/EBITDA de 15:1 (le niveau recommandé étant généralement autour de 2 à 4 fois) . La performance est en déclin depuis plusieurs années, avec une perte importante de l’ordre de « 120 millions d’euros » en 2024
L’opération représente un redressement structurel, avec l’objectif explicite de renforcer les fonds propres de Dainese et d’améliorer sa flexibilité financière. Les nouvelles modalités devraient, selon la direction, ne pas impacter les employés, les fournisseurs ou les clients . L’enjeu est de sauver la marque du spectre de la faillite tout en repartant sur des bases plus saines.
Arcmont et HPS ne sont pas de simples acheteurs : ce sont les créanciers principaux de Dainese. En rachetant la société pour un montant symbolique, ils cherchent à valoriser leurs créances tout en conservant l’actif, plutôt que de voir la marque disparaître totalement.
Sur Reddit, dans les forums spécialisés MotoGP ou équipements, plusieurs utilisateurs relèvent le ratio dette/EBITDA très dangereux, remarquant que « pour chaque 15 $ de dette, la société gagne moins » et qualifiant la situation de tragique .
Si la cession d’une marque ou d’un fonds suit les mêmes règles que la vente d’un fonds de commerce, elle est encadrée légalement :
L’acquéreur doit publier la cession (journal d’annonces légales puis BODACC).
Un délai de 10 jours est ouvert pour permettre aux créanciers de faire opposition à la perception du prix .
Le paiement prématuré (avant ce délai) est considéré inopposable aux créanciers, ce qui signifie que l’acheteur pourrait devoir payer deux fois si un créancier se manifeste
Dans le cas de Dainese, cette procédure offre un cadre légal rassurant pour sécuriser la transaction, en particulier pour le paiement du prix symbolique à ses créanciers.
Cette opération est révélatrice des difficultés rencontrées par certaines marques emblématiques face à des ratios financiers excessifs et des dettes colossales. Le choix de céder la société pour un euro symbolique à ses propres créanciers montre la priorité accordée au redressement plutôt qu’à la valorisation immédiate. Si la restructuration réussit, Dainese pourra peut-être poursuivre son développement sur de nouvelles bases.
Crédit image: Dainese
Écrit par : T. Berado