Il y a deux semaines, la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) annonçait en fanfare la « régularisation » des taxi-moto, avec la promesse d’octroyer des licences pour faire entrer cette activité dans le giron des transports publics. Sur le papier, une avancée. Sur le terrain, les grincements de dents ne cessent de s’amplifier.
La licence est un premier pas, certes. Mais peut-on parler de régularisation quand rien n’est encore clair sur des points aussi essentiels que l’assurance des passagers ? Un accident de scooter ne pardonne pas, et aujourd’hui, aucune garantie ne couvre les clients en cas de chute ou de collision. La CUA parle d’encadrement administratif, mais qu’en est-il de la protection réelle des usagers ?
Autre point noir : le casque. Dans la majorité des cas, le passager doit se contenter d’un casque unique, utilisé par des dizaines de personnes dans la journée. En termes d’hygiène, difficile de faire pire. En termes de sécurité, ces casques souvent usés ou mal ajustés ne répondent à aucune norme. La CUA peut-elle fermer les yeux sur cet aspect alors que la sécurité routière est en jeu ?
La grande majorité des taxi-moto roulent sur des scooters déclarés administrativement comme étant « moins de 49cc ». La réalité ? Ce sont des machines qui dépassent souvent les 100cc. En clair : des conducteurs sans permis adaptés qui transportent quotidiennement des passagers au cœur de la capitale. Un paradoxe inquiétant dans une ville déjà saturée par les accidents de la circulation.
À ces failles s’ajoutent les grognes des taxi-ville, qui dénoncent une concurrence qu’ils jugent déloyale. Pour eux, la CUA accorde une légitimité rapide aux taxi-moto sans exiger le même niveau de contraintes réglementaires et fiscales. Le bras de fer ne fait que commencer.
La régularisation ne peut pas se résumer à une simple délivrance de licences. Les passagers méritent une vraie protection : assurance, sécurité, hygiène, transparence. Les conducteurs, eux, doivent être formés et reconnus officiellement comme des professionnels, avec un permis en règle et des véhicules conformes.
Pour l’instant, les taxi-moto d’Antananarivo circulent dans une zone grise : tolérés, licenciés… mais pas encore vraiment « régularisés ».
Photo : Facebook
Écrit par : T. Berado