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Just Ride Evironnement / Sur les routes de Madagascar, les 20 ans d’une fondation qui garde nos forêts debout

Just Ride Evironnement / Sur les routes de Madagascar, les 20 ans d’une fondation qui garde nos forêts debout

Lorsque je roule au lever du soleil, quelque part entre Mandraka et les plateaux qui descendent vers l’Est, la lumière glisse sur la forêt comme une caresse. On dit souvent que Madagascar est un hotspot mondial de biodiversité. C’est une phrase qu’on lit dans les rapports, qu’on entend dans les conférences. Mais sur une moto, en sentant l’odeur de la terre rouge mouillée et en voyant un lémurien traverser la route aussi vite que ma roue arrière chasse dans le gravier, cette vérité prend une dimension bien plus brute.

Et si ces paysages existent encore, ce n’est pas un hasard.
Depuis vingt ans, un acteur essentiel veille en coulisses : la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM).


Un pilier silencieux de la conservation

Créée en 2005, la FAPBM fête ses 20 ans cette année. Sur le papier, tout est impressionnant :

  • 157 millions USD de capital,

  • premier fonds fiduciaire africain dédié à la conservation,

  • financement de 60% des aires protégées du pays,

  • 75 zones naturelles appuyées, couvrant plus de 8 millions d’hectares.

Mais sur la route, ces chiffres prennent d’autres formes :
un garde forestier croisé au détour d’un sentier,
un village qui vit grâce à un projet de miel durable,
une parcelle de forêt qui a survécu aux feux parce que la communauté s’y est engagée.

La force de la FAPBM, c’est son modèle : le capital ne bouge jamais. Ce sont uniquement les intérêts générés — placés sur des marchés sûrs et éthiques — qui financent la protection de ces trésors naturels.
Pour un motard habitué à calculer chaque litre d’essence, cette logique de durabilité ressemble à un réservoir qui ne se vide jamais.


Vingt ans d’impact, du bush aux villages

En deux décennies, la Fondation n’a pas seulement protégé des forêts :
elle a consolidé des écosystèmes, soutenu des familles, permis à des espèces menacées de respirer encore un peu.

En discutant avec les habitants dans une gargote isolée au bord de la RN7, un homme m’expliquait comment un projet soutenu par la FAPBM avait permis à son village de développer une petite activité autour de cultures alternatives, réduisant la pression sur la forêt voisine.
« On protège parce que ça nous protège aussi », m’a-t-il dit, en remplissant ma tasse de ranovola.

Et c’est peut-être là que se mesure réellement l’importance de cette Fondation :
dans ces histoires humaines qui s’enracinent dans le paysage.


Des festivités à Tana, un souffle nouveau pour l’avenir

Pour célébrer ses vingt ans, la FAPBM a réuni à Antananarivo contributeurs, partenaires, gestionnaires d’aires protégées et institutions publiques, sous le parrainage du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
Au programme :
une grande réunion des contributeurs,
une conférence sur “20 ans de financement des aires protégées à Madagascar”,
et une soirée hommage aux pionniers qui ont façonné cette aventure.

Mais au-delà des discours, un message ressort :
la Fondation veut entrer dans une nouvelle phase.
Renforcer la gouvernance. Diversifier les sources de financement.
Impliquer encore davantage les communautés.
Et partager son modèle au-delà des frontières.

Une façon de dire que la route est encore longue — mais qu’elle est tracée.


Sur la selle, un constat : Madagascar a besoin de ses protecteurs

En traversant vallées, villages et massifs forestiers, on comprend à quel point cette île est fragile.
Chaque montée me rappelle qu’un incendie peut effacer en quelques heures un paysage qui a mis des siècles à se construire.
Chaque descente vers un corridor forestier me montre ce qui reste encore à préserver.

La FAPBM n’est pas une organisation bruyante.
Elle ne roule pas vite.
Mais elle roule loin.
Et quand on parcourt Madagascar à moto, on réalise que sans elle, bien des horizons seraient déjà vides.


Vingt ans d’engagement.
Vingt ans pour que les générations futures puissent, elles aussi, rouler au milieu d’une nature vivante.

Et sur les pistes rouges de la Grande Île, c’est peut-être le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire.

Extrait Interview : FAPBM

Crédit images : FAPBM

Écrit par : T. Berado

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