


Classé « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le requin-baleine subit un recul inquiétant dans les eaux de Nosy Be. Malgré l’identification de plus de 545 individus en dix ans par le Madagascar Whale Shark Project (MWSP), signe que l’île constitue l’un des rares sites d’alimentation majeurs pour cette espèce, les observations récentes montrent une diminution notable de sa présence. Une alerte que lance l’Initiative pour le Développement, la Restauration écologique et l’Innovation (INDRI), préoccupée par une tendance qui menace directement la survie de cet animal emblématique.

Les organisations locales pointent notamment la pression touristique grandissante. Lorsqu’un requin-baleine est repéré, il n’est pas rare de voir une dizaine de bateaux et des dizaines de nageurs se précipiter autour de l’animal, parfois jusqu’à perturber sa phase d’alimentation. Collisions, dérives de bateaux, comportements non encadrés : autant d’incidents qui fragilisent encore davantage une espèce déjà vulnérable.
Face à ces dérives, plusieurs acteurs — dont le Collectif Nosy Be Océan et des ONG comme Cétamada — intensifient leurs efforts. La Charte d’approche du requin-baleine, officialisée par un arrêté ministériel en 2023, constitue aujourd’hui un cadre essentiel. Des formations d’ambassadeurs locaux sont également mises en place pour sensibiliser les visiteurs, mais aussi les opérateurs touristiques, aux bonnes pratiques.

Cependant, ces initiatives ne suffiront pas sans un engagement ferme et collectif. La responsabilité n’appartient pas uniquement aux ONG : elle incombe à chacun. Aux opérateurs qui doivent appliquer strictement la réglementation ; aux touristes qui doivent comprendre que la rencontre avec un animal sauvage n’autorise pas tout ; aux autorités qui doivent garantir le respect des règles ; et aux communautés locales, garantes de la préservation d’un patrimoine naturel unique.

La survie du requin-baleine à Nosy Be dépend désormais de cette prise de conscience partagée. Continuer comme aujourd’hui, c’est accepter qu’un symbole de nos océans disparaisse lentement sous nos yeux. Agir dès maintenant, c’est choisir de préserver ce géant pacifique pour les générations futures.
Écrit par : T. Berado

