


Antananarivo franchit une étape majeure dans sa quête de solutions durables face à la congestion urbaine. Le train urbain a officiellement été lancé ce lundi matin à 7h30, au départ de la gare historique de Soarano, avec un premier trajet réservé aux invités. L’ouverture au public est prévue ce mardi, avec un départ inaugural à 5h du matin reliant Soarano à Ambohimanambola, l’un des axes les plus engorgés de la capitale.
Avec un tarif fixé à 3 000 ariary et deux aller-retour quotidiens programmés — à 5h le matin et à 17h30 l’après-midi — ce nouveau service ferroviaire ambitionne de transformer en profondeur les habitudes de déplacement des Tananariviens.

Sur le plan économique, la mise en service du train urbain représente bien plus qu’un simple moyen de transport. Elle constitue un outil de productivité. En réduisant les temps de trajet entre la périphérie sud et le centre-ville, le train permet aux travailleurs d’arriver plus rapidement et plus régulièrement à leur lieu d’activité, tout en diminuant les coûts indirects liés aux retards et à la fatigue causée par les embouteillages chroniques.
Les zones desservies, notamment Ambohimanambola, pourraient également bénéficier d’un regain d’attractivité économique. La facilité d’accès favorise l’installation de petites activités commerciales, de services et, à terme, d’investissements immobiliers. Pour les ménages, un transport fiable et abordable à 3 000 ariary représente une alternative crédible aux taxis-be et aux véhicules individuels.

Du point de vue touristique, le train urbain offre une nouvelle manière de découvrir Antananarivo. La gare de Soarano, chargée d’histoire, redevient une porte d’entrée vivante de la ville. Pour les visiteurs, notamment ceux en quête d’expériences locales authentiques, le train peut devenir un moyen agréable et sécurisé de circuler, tout en observant les paysages urbains et périurbains de la capitale.
À moyen terme, ce mode de transport pourrait être intégré dans des circuits touristiques urbains, valorisant le patrimoine ferroviaire et facilitant l’accès à certaines zones souvent pénalisées par la circulation routière.

Mais c’est sans doute sur le terrain de la mobilité que l’impact sera le plus immédiat. L’axe reliant le sud de la capitale à Soarano figure parmi les plus saturés d’Antananarivo, surtout aux heures de pointe. En offrant une alternative rapide, ponctuelle et indépendante du trafic routier, le train urbain a le potentiel de retirer chaque jour plusieurs dizaines, voire centaines de véhicules de la circulation.
Même avec seulement deux aller-retour quotidiens pour le démarrage, le signal est fort : la solution aux embouteillages ne viendra pas uniquement de la route. Le rail revient progressivement comme un pilier de la mobilité urbaine.

Si ce lancement marque une avancée significative, de nombreux usagers attendent déjà une augmentation de la fréquence, une extension des horaires et, à terme, l’élargissement du réseau. Le succès du train urbain dépendra de sa régularité, de sa sécurité et de sa capacité à s’adapter aux besoins réels de la population.
En attendant, le départ prévu ce mardi à 5h du matin symbolise un nouveau départ pour Antananarivo : celui d’une ville qui tente, enfin, de se désengorger tout en se projetant vers une mobilité plus moderne, plus économique et plus attractive, pour ses habitants comme pour ses visiteurs.
Écrit par : T. Berado

